Histoire du village
Le gisement solutréen avec ses 300 outils en silex taillé, découvert en 1983 sur la montagne de Segrez, atteste d’une occupation humaine dès la préhistoire, il y a près de 20 000 ans !
Le village se nomme d’abord « Favières » (culture des fèves) jusqu’au XIIème siècle. Au XIIIème siècle Favières devient un haut lieu de pèlerinage pour St Sulpice le Bon (vers 570-647), évêque de Bourges qui aurait ramené à la vie un enfant noyé dans la Juine. Le village change alors de nom et devient « Saint-Sulpice-de-Favières ».
L’afflux de pèlerins oblige à construire vers 1250 une nouvelle église de style gothique rayonnant, que l’abbé CHASTELAIN qualifiera de « plus belle église de village de tout le Royaume ».
L’église, très endommagée notamment lors des combats de la fronde en 1652, sera réparée grâce aux efforts conjugués de l’abbé BOUVIER et de Guillaume de LAMOIGNON (1617-1677). L’édifice sera classé Monument Historique dès 1840 par Prosper MÉRIMÉE.
Le château de SEGREZ, bâti par André HAUDRY, accueille d’abord le Marquis d’ARGENSON à partir de 1747, puis la Comtesse de BLOT à partir de 1772, avant d’être acquis par le Marquis de la GARDE en 1808 et revendu en 1856 à la famille LAVALLÉE qui l’occupera jusqu’en 1954.
Le botaniste Alphonse LAVALLÉE acclimate dans le parc du château des arbres venus du monde entier. L’Arboretum Segrezianum comptera à sa mort en 1884 jusqu’à 6 500 espèces différentes.
Depuis 300 ans la population du village est restée stable (200 à 300 habitants), elle s’est enrichie il y a une centaine d’années de nombreuses familles fondées par des carriers italiens venus tailler les pavés de grès destinés aux rues de Paris.
Saint-Sulpice-de-Favières, desservie par le train d’Arpajon à Étampes entre 1911 et 1948, conserve son ancienne gare dite du Tacot.
Le Moulin de l’Écurie et le Moulin de la Briche mus par la Renarde, ont cessé de moudre le grain à l’aube du XXème siècle, en revanche la Ferme de Guillerville et la Ferme de Rochefontaine poursuivent leur exploitation de grandes cultures.
Le 26 mai 2013 la commune a inauguré sa « Place des Justes parmi les Nations » dans le jardin du monument aux morts, pour rappeler les habitants du village qui ont sauvé des enfants juifs au péril de leurs vies.
Tableau des Maires
Jean Baptiste Hyacinthe |
De MONTULLÉ |
1804 |
1809 |
Augustin Joseph |
HUGUES de la GARDE |
1809 |
1834 |
Charles |
DECHAUSSÉ |
1834 |
1841 |
Louis Alexandre |
LEVASSEUR |
1841 |
1842 |
Pierre Benjamin |
De MONTJULIN |
1842 |
1848 |
Jean Baptiste |
CHARPENTIER |
1848 |
1851 |
Jean Baptiste |
GUÉNOT |
1851 |
1865 |
Alphonse |
MARTIN-LAVALLÉE |
1865 |
1884 |
Victor Émile |
ROUILLAY |
1884 |
1900 |
Robert |
MARTIN-LAVALLÉE |
1900 |
1903 |
Aurèle |
BONNET |
1903 |
1908 |
Pierre |
MARTIN-LAVALLÉE |
1908 |
1919 |
Étienne |
MILLOT |
1919 |
1936 |
Gaston |
THÉVARD |
1936 |
1959 |
Jacques |
JEUSSE |
1959 |
1971 |
Louis |
COURTOIS |
1971 |
1983 |
Jean |
GUILLOT |
1983 |
1989 |
Louis |
COURTOIS |
1989 |
1997 |
Yves |
LANDURÉ |
1997 |
2001 |
Pierre |
LE FLOC’H |
2001 |
2020 |
Olivier |
PETRILLI |
2020 |
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Quelques Personnages célèbres
Gilles du COULDRIER mort en 1611 Seigneur de la Briche et auteur du Sonnet de 1604
Marquis d’ARGENSON (1694-1757) Ancien ministre des Affaires étrangères de Louis XV
Marquis HUGUES de la GARDE (1771-1834) Châtelain à SEGREZ et maire de la Commune de 1828 à 1834, inhumé au cimetière
Alphonse I LAVALLEE (1797-1873) Co-fondateur de l’École Centrale de Paris
Ludger Jules LUNIER (1822-1885) Médecin aliéniste, membre de l’Académie nationale de Médecine, conseiller municipal de 1881 à 1885.
Alphonse II LAVALLEE (1835-1884) Botaniste, fondateur de l’arboretum de SEGREZ, maire de la commune de 1865 à 1884, inhumé au cimetière
Robert LANZ (1896-1965) Artiste enlumineur auteur d’un manuscrit illustré sur l’Église
Paul FLAMAND (1909-1998) Éditeur, fondateur et directeur des Éditions du Seuil
René MAYER (1895-1972) Co-fondateur d’Air France et de la SNCF. Ministre des Travaux Publics puis Président du Conseil des Ministres.
Jean GREMILLON (1901-1959) Un des plus grands cinéastes du XXème siècle, inhumé au cimetière
Marcelle SEMMER (1893-1964) Héroïne de la Grande Guerre et résistante, inhumée au cimetière
Pierre FORGEOT (1888-1956) Député, Ministre des Travaux Publics
Charlotte et Gabriel CHACOU « Justes parmi les Nations », inhumés au cimetière
Franklin PICARD né en 1944 Botaniste spécialiste des arbres
Inès LUISETTI née en 1922 en Italie, la doyenne du village qui a connu « le temps des carrières »
Éléments d’histoire ancienne
Des silex taillés, des outils néolithiques et des dalles de grès-abris portant des pétroglyphes attestent l’occupation ancienne du site, avant que le village soit implanté près de l’eau, dans le fond du vallon.
[Le gisement solutréen de Saint-Sulpice-de-Favières (Essonne) Charles Sacchi; Francis Chantret; Béatrice Schmider; Annie Roblin-Jouve Bulletin de la Société préhistorique française, Année 1996, Volume 93, Numéro 4 p. 502 – 527]
« Le gisement de Saint-Sulpice-de-Favières est un gisement de plein air, situé sur le flanc d’une butte stampienne, dominant une petite vallée affluente au sud de la Seine. Les nombreux fragments de pièces à retouches bifaciales, découverts au cours des fouilles indiquent un atelier relativement spécialisé dans la fabrication des pointes foliacées typiques du Solutréen. Plusieurs chaînes opératoires ont été mises en évidence en fonction du support choisi mais aussi de l’objectif envisagé.
En effet, les pièces foliacées représentaient un éventail de formes et de dimensions extrêmement varié. Ce site constitue l’avancée la plus septentrionale du Solutréen à la fin de la période de développement de cette culture. »
FAVERIIS apparait pour la première fois comme paroisse vers 1100. Le village se développe en même temps que se constituent les seigneuries et que la dévotion à saint Sulpice s’affirme à Favières, où il aurait ressuscité un enfant noyé. L’église de 1100 est remplacée par une église en pierre au cours du XIIe siècle, et la ferveur populaire est telle qu’une troisième église est construite au XIIIe siècle.
À cette époque, le village profite de la prospérité due au développement des villes royales de Dourdan, Étampes, et Montlhéry ainsi que de leurs marchés. Mais, situé au coeur du domaine royal, il est aussi au cœur de la guerre de Cent Ans, de la guerre civile et de la Fronde : le territoire est à chaque fois ravagé et l’église endommagée. Saint-Sulpice-de-Favières retrouve la prospérité à la fin du XVIIe et au XVIIIe siècle.
Le village est alors essentiellement viticole : en 1787, sur 72 censitaires, il y a 51 vignerons pour 3 laboureurs. Le territoire compte cependant trois moulins à grains.
Au cours de la Révolution, seule l’église est endommagée.
Le pèlerinage de Saint-Sulpice se maintient encore au XIXe siècle, mais l’église est en mauvais état et nécessite d’importants travaux. Elle fait partie des premiers monuments classés Monuments historiques.
Une petite collectivité économique se crée avec l’ouverture des carrières de grès de Madagascar, qui amènent une population d’origine italienne à s’implanter. Le passage du Tacot anime la vie économique, mais la fermeture de la ligne et l’évolution du marché agricole transforment la commune en un village résidentiel.
Il accueille à la même époque le couvent des Dominicaines de Béthanie. Le pèlerinage de Saint-Sulpice a disparu, malgré les quelques efforts accomplis avant la Seconde Guerre mondiale pour le raviver.
Source : http://fr.topic-topos.com/saint-sulpice-de-favieres
Histoire récente
Les carrières
Des carrières de Grès ont été exploitées au début du 20ème siècle en rive du plateau notamment dans le bois de Charville, à l’Écoute s’il pleut, et sous la ferme de Guillerville.
Les carriers, majoritairement d’origine italienne y taillaient des pavés et des bordures de trottoir, ils logeaient très nombreux au Moulin de l’Écurie. Beaucoup reposent au cimetière de St Sulpice.
Le village compte encore plusieurs descendants de ces carriers italiens qui ont fait souche et notamment Inès LUISETTI, la doyenne du village née à POSINA en 1922.
La première guerre mondiale (Marcelle SEMMER)
Marcelle SEMMER vit dans le village de L’ECLUSIER (aujourd’hui ECLUSIER-VAUX) situé entre Amiens et Péronne.
Ce village de 200 âmes, au bord du canal de la Somme, abrite des carrières souterraines de phosphate.
En août 1914 Marcelle a 21 ans, elle prête assistance aux civils les plus vulnérables qui n’ont pas pu fuir devant l’avancée des allemands.
Le 28 août, Marcelle SEMMER lève la passerelle de l’écluse à la manivelle puis jette la clé du mécanisme dans l’eau du canal. Les troupes allemandes sont immobilisées sur l’autre rive jusqu’au lendemain.
Le 29 août elle porte secours aux soldats français blessés réfugiés dans les souterrains; seize d’entre eux pourront s’échapper en habits civils. Elle est alors arrêtée par les allemands qui la condamnent à mort sur le champ.
Par deux fois elle réussit à échapper au peloton d’exécution.
Le 13 décembre 1914, le général Joseph BARET la fait chevalier de la Légion d’Honneur, Marcelle est alors la plus jeune légionnaire.
En août 1915, elle est décorée de la Croix de Guerre 1914-1918.
Le 15 octobre 1916, Marcelle quitte la Picardie pour entrer à l’école d’infirmières de l’Hôpital de la Salpêtrière à PARIS.
Le 21 janvier 1917 Louis-Lucien KLOTZ, député de la Somme, rend hommage à Marcelle SEMMER dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. La presse nationale et internationale (New York Times…) relaye l’’évènement.
L‘hebdomadaire L’ILLUSTRATION du 27 janvier 1917 représente l’héroïne de L’ECLUSIER en uniforme blanc d’élève-infirmière avec ses deux décorations (Voir ci-contre le fac-similé de la couverture).
A partir de juin 1918 elle devient infirmière puis surveillante à l’hôpital BEAUJON.
Entre les deux guerres, Marcelle SEMMER célibataire élève ses deux neveux Martial et Marceau GROSSEMY.
En janvier 1941 elle s’engage dans le réseau de résistance parisien TURMA-VENGEANCE, ce qui lui vaudra la médaille commémorative des services volontaires de la FRANCE LIBRE.
A sa retraite de l’Assistance Publique, elle s’expatrie au Québec pour épauler une congrégation qui se consacre aux plus démunis.
En 1963 Marcelle SEMMER rentre en France au service du Père André ROYON, curé de SAINT SULPICE DE FAVIERES, où elle meurt le 20 mars 1964 à 71 ans.
La seconde guerre mondiale (le village des Justes et le réseau VENGEANCE)
Extraits de l’article pour l’inauguration de la « Place des Justes » LE PARISIEN 25-05-2013
Le 8 mai 2011, Charlotte et Gabriel Chacou avaient déjà reçu à titre posthume la médaille des Justes parmi les nations pour avoir hébergé de 1942 à 1944 trois enfants juifs, alors qu’ils étaient déjà parents de trois enfants. Pour l’événement, leurs propres enfants avaient retrouvé après trente ans de séparation Henriette et Marcel Kerner, le frère et la sœur sauvés des griffes des nazis et qui avaient sollicité l’État d’Israël pour que les Chacou soient reconnus comme des Justes.
Pour l’inauguration de dimanche, aucun ne sera présent, car ils sont tous trop âgés, confie Pierre Le Floc’h. Mais ils sont au courant et ils sont très heureux. » La place des Justes rendra aussi hommage aux familles Barberi et Fialetoux. « Elles n’ont pas reçu de médaille des Justes parmi les nations, regrette l’élu. Seulement parce que la demande n’a pas été faite. Mais elles ont également contribué à sauver la vie de trois autres enfants juifs. »
Par ailleurs, pendant la Seconde Guerre mondiale, dix habitants de Saint-Sulpice ont été déportés car ils appartenaient au groupe « Vengeance », un réseau de résistance très actif en Ile-de-France et dans le Loiret. La place des Justes sera juste à côté d’une stèle leur rendant hommage. Les écoliers du regroupement pédagogique avec Mauchamps et Saint-Yon seront associés à la cérémonie de demain.